Pour mon post du mois de mars ( il est grand temps !), j'ai choisi de vous parler du décalage qu'il peut y avoir entre vouloir et pouvoir, dans le cadre d'une pathologie chronique, lésion du nerf sciatique. Mais cela vaut pour bien d'autres problèmes de santé !
Entre vouloir et pouvoir...
Qui veut peut... proverbe qui fait appel au courage, à la force qui déplacerait toute montagne, même la plus haute. Des mots qui peuvent mener droit à la culpabilité. A son inverse : si je ne peux pas, c'est que je ne veux pas vraiment. Pourquoi ce qui est possible à certains moments, ne l'est pas à d 'autres ? Y aurait-il une mauvaise volonté qui se glisserait dans l'histoire ?
Dans toute pathologie douloureuse chronique, le passage par la connaissance s'impose. Le cerveau est bien complexe, lui qui rappelle à l'ordre sans cesse. La volonté de faire ne manque pas, mais quand les capacités physiques sont limitées, la souffrance vient s'ajouter, alourdissant le poids déjà exténuant à porter. On met en place des stratégies, dans ce parcours imposé. Pour gagner certaines batailles. On sait la force et l'énergie nécessaires pour pouvoir faire malgré tout. Bien évidemment, cette volonté de faire (de fer) a ses limites, celles du corps. Mais le franchissement de la douleur,la suprématie de l'esprit sur le corps, est une expérience qui renouvelée, devient apprentissage. Il s’installe alors un drôle de système avec les témoins de la chose, avec l’entourage. Dans un premier temps, ils n'en reviennent pas ! Ils acclament le courage. Puis au fil du temps, des petits exploits renouvelés, ils oublient. Cela devient la norme. Ainsi donc, c'est possible de marcher ? De nager ? De ranimer ce qui était éteint ? Le malade réitère, encouragé et heureux, fier aussi, de sa mobilité, de sa force reconquise. Il apprend comment vivre avec la douleur. L'énergie à déployer est phénoménale, seul lui sait à quel point. Et arrive le jour qui se répétera lui aussi, où faire ne se peut pas. Pas aujourd’hui. Trop de fatigue, trop de douleurs. Pourtant, elles sont toujours plus ou moins égales à elle-mêmes ! La culpabilité arrive au galop, mais ces phases de découragement sont inéluctables. A moins d'être surhumain ! Il faut alors de nouveau puiser au fond de soi, avec les autres, de nouvelles forces, toujours. L'entourage se demande ce qui se passe, pourquoi hier et pas aujourd'hui ? Le malade, lui, a compris qu'il faut jouer l'alternance entre l'activité et le repos. Qu'avant tout, il faut s'écouter. Les creux de vague sont à appréhender comme un mouvement perpétuel. Demain, ça ira mieux. Faire confiance aux ressources puisées en soi, qui toujours étonnent.