TSA / HPI --> "le dire ou pas le dire"

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Bien le bonjour à vous,

Nouvelle ici, je fus tout de suite attirée par la discussion entamée le 12 novembre : "TSA de niveau 1 et travail". Je suis actuellement dans cette interrogation interne : "le dire ou pas le dire" ?

Licencié y a 1 mois, je me lance dans les recherches d’emploie et je ne sais pas si c’est bon ou pas de le dire.

Je m'explique : en Burn-out depuis 4 mois, ma première réaction fut le dénie.🙃 En consultation depuis, (1 rdv pas semaine) on m'a annoncé, qu'en plus d'être HPI (ça je le sais depuis mon enfance) je suis TSA.

J'ai d'ailleurs mieux encaissé cette nouvelle (TSA) que de me savoir en Burn-out. Même si je comprends maintenant que les 2 (voir 3 avec l'HPI) sont potentiellement lié.

TSA m'a permis de comprendre pourquoi...

  • Relationnellement à je suis solitaire à ce point, pourquoi on ne se comprends pas, pourquoi les autres me trouvent bizarre (pourquoi moi je pense que c'est eux qui ne sont pas normaux), je n’ai pas de filtre, souvent je manque de tact (enfin de ce qu’on m’a dit, alors que moi je ne comprends pas pourquoi ils tournent autour du pot, la chose doit être dite)
  • Professionnellement à face à un problème je trouve « rapidement » 5-10 solutions, mon cerveau ne fait jamais de pause
  • Personnellement à mes émotions sont à la limite de l’extrême, joie, pleure, colère (mon mari trouve ça attendrissant, dit que j’ai toujours 8 ans)

Je crains malheureusement que le Spectre de l’autisme est encore trop stéréotypé... D’ailleurs quand je me dévoile face aux gens que je connais (hors contexte professionnel), on me dit :

-       Ah bon, ça ne se voit pas 

-       Bin non-banane, 😒ce n’est pas une verrue sur le nez, c’est dans le cerveau que ça se passe  

Alors si mon entourage est aussi con, comment être positive face à des inconnus (employeurs) qui n’ont pas que ma candidature, mais également celles des « normaux » … Bref, si je continue, je vais faire une thèse.

Merci à vous de m’avoir lu, et j’attends avec impatience 🤗vos conseils, commentaires, remarques. 

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Réponses

  • Chère @Izabela,

    Bienvenue et merci pour ton message 😀!

    Cette thématique touche énormément de personnes concernées et pas seulement avec un TSA & HPI.

    Sur la base de mon expérience personnelle de proche aidante, je distinguerais plusieurs aspects:


    (1) Bien se connaître soi-même et être conscient.e de ses forces, spécificités, besoins et limites

    Tout d'abord, orienter ses postulations vers des rôles en accord avec ses forces, spécificités, besoins et limites. Un soutien professionnel peut être utile.

    But: trouver le bon rôle et le bon environnement

    (2) Un dossier de candidature / profil linkedIn neutre

    Communiquer sur ses forces et ses expériences, rester honnête, sans mentionner les aspects de santé

    But: ne pas se mettre des barrières pour décrocher un entretien

    (3) À l'entretien parler de ses atouts mais aussi aborder ses besoins

    À un moment donné, une certaine transparence me paraît nécessaire et pour le futur employé et pour l'employeur. Par contre, il faut trouver le bon moment et la bonne formulation. Toujours avoir en tête que l'entreprise/l'organisation a un besoin concret pour lequel elle recherche une solution.

    But: décrocher le job tout en favorisant une relation de confiance

    (4) Onboarding et travail au quotidien

    Et enfin, communiquer petit à petit sur ses spécificités et besoins avec ses collègues. Répondre ensemble à des questions, telles que "de quoi avons-nous besoin, afin que notre collaboration fonctionne" (communication orale/écrite, outils, temporalité, attentes, etc). Cela favorise une bonne collaboration et de la compréhension.

    But: établir une relation professionnelle de confiance et une bonne collaboration


    Naturellement, il y aura toujours des entreprises et des personnes qui ne sont pas ouvertes à la diversité. Et déconstruire les à priori n'est pas simple. Mais je suis convaincue que plus de transparence est une base nécessaire pour un bon équilibre professionnel.

    Impatiente de lire ton retour,

    Elise

  • Bonjour Izabela,

    Votre question est une question fréquente. Chaque option présente ses avantages et inconvénients et Chacun y répond individuellement de manière différente en fonction de sa situation, les ressources et difficultés étant très différentes sur le spectre autistique. Certains des membres de nos groupes de parole décident de le dire (ensuite se pose la question alors de quand le dire, il y a plusieurs moments plus propices et de comment le dire ensuite : très important) et d'autres personnes décident de ne pas le dire. Le contexte professionnel est également très important dans la prise de décision.

    Le retour le plus "général" que nous ayons sur cette question que nous tirons de nos discussions avec des personnes concernée et avec les spécialistes est que si on choisi de le dire, le faire dans la lettre de candidature ne semble pas une option efficace.

    Pour le reste on est vraiment sur un choix personnel non généralisable à tous et dépendant du contexte de chacun et la question la plus importante à se poser est "pourquoi je veux le dire", quelles sont mes attentes derrières ? cette question amène une réponse individuelle qui aide beaucoup ! Ensuite je vous suggère vraiment de pouvoir discuter avec quelqu'un des avantages et inconvénients à le dire et à ne pas le dire, de quand et comment vous le diriez si c'était le cas, comment exprimer vos besoins si vous ne souhaitez pas le dire.

    Si vous avez un psychologue ou psychothérapeute ou coach spécialisé TSA avec lequel vous travaillez, abordez le sujet avec lui. Si vous n'avez personne de spécialisé vous pouvez également contacter la helpline gratuite d'autisme suisse romande qui peux vous aider à clarifier ce point en se basant sur notre expérience de l'animation de séances de groupes de personnes sur le spectre, sur cette question :" le dire/pas le dire". En parler avec un extérieur devrait vous aider à clarifier ce point.

    Bonne réflexion à vous !

    Conseillère et formatrice spécialiste en Neurodiversite (TSA/syndrome Asperger - TDA/H), fondatrice www.neurodiversite.ch, bénévole au comité Asperger d'Autisme Suisse Romande

  • Chère @Izabela ,

    Pour compléter la réponse @Elise_EnableMe, il est vrai que la question de savoir s’il faut mentionner ou non son TSA à un employeur est tout à fait légitime.

    En préambule, il convient de préciser que la réponse à apporter à cette question est d’abord un choix très personnel. Certaines personnes en parlent directement lors d’un premier entretien (voire pour certaines, le mentionnent directement sur leur CV ou dans leur lettre de motivation) alors que d’autres ne souhaitent absolument pas en parler. Pour cette dernière catégorie, c’est souvent après plusieurs expériences professionnelles qui se sont mal parfois terminées (par exemple en raison d’incompréhensions mutuelles entre l’employeur/les collègues et l’employé) que les personnes envisagent finalement d’en parler à l’avenir pour ne pas revivre ces situations complexes et parfois éprouvantes.

    Effectivement, pouvoir évoquer son TSA (dès un premier entretien d’embauche par exemple) permettra de rappeler quelles sont nos forces et quels sont nos besoins et de limiter les risques d’incompréhensions/d'inconfort par la suite.

    Par exemple, les points forts d’une personne TSA pourraient être les suivants : facilité à faire des associations d’idées, ce qui me permet de développer des nouveaux points de vue et de donner un éclairage différent sur une situation / fiabilité, honnêteté, personne de confiance / orientation solutions (comprendre, analyser et rechercher des solutions aux problèmes) / lorsqu’une tâche intéresse la personne TSA, elle possède souvent une faculté de concentration supérieure à la moyenne.

    Les besoins d’une personne TSA pourraient quant à eux, être les suivants (à compléter/modifier selon vos besoins) :

    • avoir des consignes claires et précises, savoir quel est l’objectif visé et comprendre ce qui est attendu
    • sensibilité marquée au bruit qui nécessite de privilégier un endroit calme de travail et éviter par ex. les open-space
    • nécessité d’avoir des temps de pauses à soi, en étant seul-e pour se ressourcer ; potentiellement moins à l’aise avec les interactions sociales, en particulier en groupe
    • avoir besoin d’un temps d’adaptation afin de se sentir bien dans une nouvelle équipe de travail
    • dans une conversation, potentielles difficultés à comprendre l’humour, le sarcasme, ou le second degré ; tendance à être direct-e et sans filtre (manque de tact qui peut heurter un interlocuteur qui n’aurait pas connaissance de ce fonctionnement spécifique)
    • etc.

    Ainsi, en mentionnant des premiers éléments expliquant son fonctionnement propre et ses besoins à un employeur, nous limitons le risque que les rapports de travail se péjorent sur le moyen-terme. Comme l’a écrit @Elise_EnableMe, il y aura toujours des employeurs moins ouverts à la diversité. Et si l’employeur n’est pas ouvert à ce type de fonctionnement, nous pouvons partir du principe que l’entreprise n’était pas faite pour vous.

    En espérant avoir pu apporter un éclairage complémentaire à cette question, je vous souhaite une belle continuation dans la suite de vos démarches.

    Bien à vous

    Charlotte Aeby, Psychologue du travail et conseillère en insertion professionnelle, Fondation IPT