Un SPT peut-il survenir 8 ans après une agression ?

À 8 ans, ma fille a été agressée sexuellement durant 3 mois. Après un an de suivi elle semblait bien allée. À 15 ans, elle a du être hospitalisée pour dépression et automutilation, avec pour cause reconnue une grande anxiété de réussite dans un programme scolaire trop exigent pour elle. Nouvelle thérapie d'un an et elle a souhaité arrêter car elle se sentait bien et avait décidé de retourner dans un programme scolaire régulier. Rencontre amoureuse à 16 ans, premières relations sexuelles. Tout va bien, c'est le grand amour. Mais apparaissent alors des "crises" que l'on mettra 1 an à identifier comme étant de l'épilepsie. Malgré 1 an de traitement, les crises sont moins violentes mais toujours présentes. Une psychologue lui fait un bilan et diagnostique un syndrome post-traumatique et une dépression. Toutefois, ma fille ne fait pas de cauchemar, n'a pas de flash-back, parle facilement de son agression et est très heureuse avec son fiancé. Est-ce malgré tout possible que le spt soit la cause de ses problèmes ?

Réponses

  • Bonjour

    Merci de votre confiance pour la Fondation MyHandicap.

    Nous avons transmis votre question à un spécialiste, qui se chargera d'y répondre dans les plus brefs délais.

    cordialement,
    Catherine
    rédaction MyH
  • Bonjour et merci de votre confiance.

    La situation que vous décrivez est particulièrement complexe et demanderait une analyse approfondie afin de vous apporter une réponse précise. Cependant, quelques éléments théoriques pourraient peut-être vous être utiles.
    Je pense deviner, dans votre question, une recherche de votre part quant aux signes cliniques classiques d’un syndrome de stress post-traumatique. En effet, les reviviscences, les cauchemars spécifiques (répétitifs et surtout à l’identique des événements endurés) ou la difficulté à verbaliser autour du traumatisme font partie du tableau clinique de ce type de pathologie.
    Cependant, il est important de savoir que tout tableau de signes cliniques n’est qu’une construction théorique cherchant à embrasser « l’ensemble des signes possibles » d’une maladie. Chaque sujet n’en présente donc pas l’entièreté, ni même des signes similaires selon sa situation ou ses ressentis. L’âge lui-même auquel l’événement traumatique est survenu a son importance sur la manière dont la personne en développera ou non telle ou telle manifestation.

    Pour répondre à votre question, d’un point de vue théorique, il est classiquement différencié plusieurs « types » d’Etat de Stress Post-Traumatique (ESPT).
    Il existe notamment l’ESPT aigu (dont les symptômes persistent moins de trois mois), l’ESPT chronique (dont les symptômes persistent trois mois ou plus) et l’ESPT avec survenue différée (à plus de six mois de délais).
    En fonction de ce que vous décrivez, il n’est donc pas impossible, en théorie, qu’un syndrome de ce type survienne aussi tardivement après les faits qui en sont à l’origine. Par ailleurs, l’adolescence et les premières expériences de l’intime (même positives) sont deux bouleversements pouvant fragiliser des défenses psychologiques s’étant révélées efficaces jusqu’alors.
    Cependant, ceci n’est qu’une réflexion théorique et ne vient pas appuyer ou contester le diagnostic posé par la psychologue que vous évoquez. Comme pour tout avis professionnel, celui-ci doit s’appuyer sur une rencontre avec la personne, un dialogue approfondi avec elle et une étude scrupuleuse des signes cliniques constatés ou des symptômes verbalisés par le sujet lui-même.
    Ainsi, si ce terme vous interroge, je ne peux que vous engager à en discuter avec la professionnelle ayant posé ce diagnostic, afin d’aborder avec elle les éléments l’ayant amenée à envisager ce tableau clinique particulier. Je ne peux que vous répondre, pour ma part, qu’un ESPT peut en effet survenir de manière très tardive après l’événement traumatique ; parfois plusieurs années plus tard, en fonction de la personne, de son vécu et de la nature de l’événement.

    Je vous indique ici deux liens qui pourraient vous fournir de plus amples informations sur cette entité clinique :

    http://www.info-trauma.org

    http://www.iusmm.ca/hopital/usagers-/-famille/info-sur-la-sante-mentale/etat-de-stress-post-traumatique.html

    En tous les cas, le regard que vous portez sur cette situation, fait de précision, clairvoyance et sensibilité, montre bien la qualité de votre attention et votre souci d'assurer le bien-être de votre fille dans ce contexte douloureux. Je ne doute pas que ce soutien lui sera précieux pour faire face à la situation qu’elle rencontre et trouver une issue favorable et à même de promouvoir sa qualité de vie.

    En espérant avoir pu vous aider quelque peu, je vous souhaite, ainsi qu’à votre fille, le meilleur pour l’avenir.
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