je suis depressive depuis 30 ans j ai connu de nombreux traitement et sejour en clininique est ce qu

Options
MyHandicap User
MyHandicap User ✭✭✭
Modifié (9. août 2021, 10:30) dans Handicaps psychiques
craquine: j ai tout pour etre heureuse maison travail et mon fils seul la solitude me pese j espere avoir des reponses afin de me redonner du courage merci

Réponses

  • Bonjour et merci de votre confiance.

    Votre message me semble comporter deux dimensions distinctes: d’une part, une question concernant les récidives du syndrome dépressif dont vous souffrez. D’autre part, votre souffrance concernant une situation qui vous semble perdurer depuis trente ans.

    Au niveau des récidives, il est toujours extrêmement délicat de répondre à ce type d’interrogation car le syndrome dépressif fait partie des troubles ayant des dimensions autant biologiques et sociales que psychologique. Seul un professionnel de santé mentale vous ayant accompagnée durant quelques temps pourrait vous aider à comprendre l’impact de ces différentes dimensions sur votre vécu actuel, en vue de construire une stratégie de prise en charge au plus près de vos besoins.

    Cependant, lorsque vous indiquez avoir vécu « plus de mauvais moments que de bons », il me semble important de vous exposer quelques informations sur le fonctionnement de la mémoire humaine.

    Lorsque nous « enregistrons » un souvenir, ce dernier n’est pas mémorisé tout seul : la mémoire retient également tout le contexte dans lequel nous étions plongés à ce moment précis (lieu, son, odeur, émotion, sentiment…). C’est pour cette raison que nous nous souvenons mieux de certaines choses en retournant à l’endroit où nous les avons apprises, mais également pour cela que des odeurs peuvent évoquer certains souvenirs.
    Dans ce qui nous intéresse aujourd’hui, il est important de savoir que l’état émotionnel de la personne est également « mémorisé », ou plutôt qu’il fait partie intégrante du souvenir lui-même. Ainsi, lorsque nous ressentons des émotions similaires au souvenir enregistré, celui-ci est plus facilement accessible que les autres.
    Donc, une bonne nouvelle nous en rappelle d’autres et un drame rend souvent plus vivace le souvenir de tous ceux s’étant déroulés avant lui.

    Dans la même logique, un ressenti de tristesse ou de chagrin a tendance à convoquer des souvenirs ayant la même charge négative au niveau émotionnel.

    Je ne connais pas votre vie et ne doute pas un instant que vous ayez vécu des choses difficiles, mais peut-être y a-t-il, dans votre remarque, un phénomène de ce type à l’œuvre ?
    Il est fréquent que le syndrome dépressif donne un sentiment de dévalorisation (de soi, mais aussi de ce qu’on a vécu), notamment parce que l’humeur négative augmente la proportion de souvenirs pénibles et désagréables dans la conscience en raison du fonctionnement même de la mémoire.

    En tous les cas, votre demande concernant la récidive (« est-ce qu’un jour cela s’arrêtera ? ») ne peut trouver des éléments de réponse que dans un accompagnement spécialisé auprès d’un professionnel qui explorera avec vous les aspects biologiques, sociaux et psychologiques de votre situation. Chacun étant unique, chaque maladie prend donc une forme singulière qui doit être explorée à la lumière de la personne que vous êtes, avec votre vécu, votre ressenti et vos espoirs.

    Cependant, et pour aborder la seconde dimension de votre message, je peux vous indiquer ceci : la souffrance morale et le sentiment d’exaspération sont des choses très éprouvantes, mais également les signes que vous continuez à faire face à la maladie.
    Vous demandez à retrouver du courage, mais il me semble, au contraire, que vous n’en manquez pas dans votre manière de continuer à affronter une problématique de longue date. Il n’est pas si évident, non plus, de demander de l’aide sur un forum, alors même que le syndrome dépressif reste très stigmatisé socialement.

    Ces signes sont très importants car ils montrent que vous êtes dans une posture de résolution de problème face à la maladie. Cela m'amène à vous dire que vous n'êtes pas "dépressive depuis trente ans", mais bien "une personne confrontée à une problématique dépressive depuis trente ans". Cette maladie n'est pas qui vous êtes, mais bien un aspect de ce que vit la personne que vous êtes.

    Vous indiquez à ce propos, dans la seconde partie de votre message, « avoir tout pour être heureuse ». Il s'agit bien là d'autres aspects de votre vie, laquelle ne se limite pas à la dépression et à son sentiment de désespoir.
    Vous citez la présence d’une activité professionnelle, d’un appui familial et d'un lieu d'habitation. Ce sont là des facteurs de protection. Il est donc précieux que vous ayez conscience de l’aspect positif de votre existence à ces niveaux car ils représentent une partie de vous-mêmes autant que que la souffrance morale qui vous affecte.

    J’ai noté, enfin, que vous évoquiez un sentiment de solitude. Peut-être est-ce là une piste intéressante à explorer dans votre démarche de recherche d’un mieux-être ?

    En vous souhaitant le meilleur pour l’avenir et de garder ce courage qui transparaît dans votre démarche,

Cette discussion a été fermée.