Peut-on donner du séroplex (escitalopram) 10mg à une personne démente de 71 ans ?

Options
Au cours du premier entretien avec le neurologue avec passage de tests, la patiente s'est mise à pleurer. Ce syndrome dépressif n'est-il pas la conséquence de la démence ? L'emploi du séroplex est-il pertinent ?

Réponses

  • Bonjour,

    et merci de votre intérêt pour la Fondation MyHandicap!

    Nous avons transmis votre question à un spécialiste, qui se chargera d'y répondre dans les plus brefs délais.

    Meilleures salutations,

    Catherine Fontaine
    rédaction MyHandicap
  • Bonjour,

    Merci de votre confiance.

    N’étant pas médecin, je ne peux vous fournir d’informations relatives à la pertinence d’usage d’un psychotrope. Cependant, quelques indications psychopathologiques pourraient éventuellement susciter votre intérêt au sujet du syndrome dépressif.

    Ce dernier fait parti des « troubles de l’humeur », et correspond à un ensemble de signes cliniques spécifiques, recensés au sein de classifications internationales permettant un certain consensus diagnostique.
    Outre les signes communément admis (tristesse, anxiété, perte d’énergie, fatigue, idées sombres…), il est important de savoir qu’un syndrome dépressif correspond à une situation chronique (sur au moins deux semaines) et indépendante des circonstances. C'est-à-dire qu’il ne peut être relié à un événement ou un contexte particulier : il s’inscrit dans le vécu du sujet de manière continue sur au moins deux semaines, quel que soit le contexte de vie de ce dernier.

    En cela, je pense que votre interrogation concernant le lien entre syndrome démentiel et syndrome dépressif est particulièrement pertinente. Il m’est cependant difficile de vous répondre de manière précise sur la base des informations que vous délivrez au sein de votre message. En effet, vous ne précisez pas le type de syndrome démentiel, ni ce que la personne manifestait avant ce premier entretien avec le médecin.

    Ce que je peux vous dire, en revanche, c’est qu’il est relativement fréquent qu’un syndrome démentiel s’inscrive dans un vécu dépressif, voire se confonde avec lui (rendant son diagnostic particulièrement difficile, d’ailleurs).
    La perte de capacité cognitive, notamment, peut rendre la personne très vulnérable aux situations, qui peuvent alors devenir des sources de dysphorie (perturbations négatives de l’humeur). La conscience (même intermittente) des pertes cognitives, de plus, génère fréquemment ce type de vécu chez la personne (ainsi que chez ses proches).

    Une situation de testing, par exemple, peut donner lieu à une véritable anxiété chez la personne qui se retrouve alors confrontée à ses incapacités et/ou ses angoisses de dégradation cognitive. Il arrive également que la situation démentielle soit suffisamment avancée pour qu’elle ne puisse saisir le sens de ce qu’elle vit, et donc en être apeurée ou angoissée.

    Au sujet du séroplex, il me semble important de bien différencier la pertinence de son usage (qui répond à des considérations médicales complexes, surtout lorsqu’il est question de personnes vulnérables sur le plan psychique et/ou somatique) des sources d’un éventuel syndrome dépressif.

    En effet, la source du vécu dépressif (puisqu’il s’agit bien d’un vécu, dont les signes ne sont que des indicateurs à conjuguer avec ce que la personne exprime elle-même) peut être liée à des événements, des contextes, des mises en difficulté des personnes, et de tout un ensemble de facteurs qui restent propres au sujet et à sa manière de réagir.

    La pertinence dans le choix d’un médicament, en revanche, reste liée à la démarche thérapeutique du prescripteur, qui seul peut appuyer ou réévaluer son choix. Toute prescription répond autant aux signes manifestés par la personne qu’à l’analyse de tout un ensemble de facteurs complexes, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une personne présentant une intrication de facteurs liés à la sénescence et à la dégénérescence cérébrale.

    Ainsi, je ne peux que vous conseiller de vous rapprocher du médecin qui a prescrit ce psychotrope, afin de lui poser toute question que vous jugerez utile dans cette situation qui semble vous interpeler. Seul ce praticien peut savoir en quoi la prescription est pertinente, puisque c’est lui qui a analysé la situation de cette personne et jugé que ce médicament répondait aux besoins constatés.

    En résumé, s’il est important de comprendre d’où peut provenir un épisode dépressif chez un sujet, la réponse médicamenteuse vise en premier lieu la suppression ou la diminution de la souffrance du sujet ; les deux se complètent davantage que ne s’opposent donc.

    Si la détermination d’un épisode dépressif vous intéresse, je vous conseille de consulter l’une des deux classifications internationales en usage de nos jours : la CIM-10 (Classification Internationale des Maladies, ICD en anglais ; éditée par l’OMS) et le DSM-V (Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux, édité par la société américaine de psychiatrie).
    Ces signes, encore une fois, n’ont de valeur que conjugués à ce que la personne peut exprimer, ainsi qu’au regard clinique du praticien. Cependant, à titre de curiosité ou de compréhension, peut-être serez-vous intéressé par cette consultation.

    Au niveau du lien existant en démence et dépression, je vous indique un lien vers un article qui pourrait vous intéresser :

    Article

    En espérant que ces quelques éléments vous soient utiles et restant à votre disposition,
Cette discussion a été fermée.